Les Mapuches, ce peuple oublié

Depuis un peu plus d’un an et demi maintenant, tous les plus grands journaux couvrent chaque jour les révolutions arabes. Depuis plus de deux ans, les étudiants chiliens sont dans les rues derrière Camila Vallejo, figure médiatique. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le conflit israélo-palestinien reviens régulièrement sur le devant de la scène. Depuis un demi millénaire, le peuple Mapuche lutte pour ses terres. Le peuple quoi?

Ce peuple peut connu occupait pourtant déjà une grande partie de ce qu’est actuellement le Chili à l’arrivée des conquistadors en Amérique Latine. Fiers combattants, ils résisterons aux colons et obtiendront la signature d’un traité les reconnaissant en tant que Nation au 17ème siècle. En 1825, le « peuple de la terre », traduction littérale de «mapu-che » en mapudungun signe un traité du même type avec le Chili, lui garantissant une paix pérenne.

Les frontières du pays Mapuche s’étendent du fleuve Bio Bio jusqu’à Valdivia, à 600km au sud. L’illusion sera brève et la paix de courte durée, en 1883 le gouvernement Chilien rompt le traité et envahi le pays Mapuche qui, cette fois, pliera. Dès lors, un régime de répression s’installe et se durcit au cours du dernier demi-siècle, d’autant plus que la contestation Mapuche grandi. Rafael Pitchun, porte-parole de la communauté de passage à Bruxelles confie qu’ « [ils vivent] une situation difficile » depuis vingt ans, depuis que l’arrivée de la démocratie au Chili a fait que ce mouvement a dû développer d’autres types de contestation.

“Terrorisme” : une définition maléable

En effet, parqués dans des réserves en dehors desquelles ils sont difficilement admis, les 600 000 Mapuches du Chili (plus 200 000 en Argentine) se voient réserver un traitement de faveur. Lorsque Rafael énonce cette liste non exhaustive, on n’en voit pas le bout : « les Droits de l’Homme sont violés chaque jour, nous sommes sujets à une répression forte, la communauté est militarisée, nous devons passer par des checkpoints pour en sortir ou y entrer, des forces paramilitaires se sont développées, plusieurs de nos membres sont retenus en tant que prisonniers politiques… ».

De plus, et c’est sûrement ce qui les différencie du mouvement des étudiants chiliens, ce peuple est soumis à une loi antiterroriste datant de l’ère Pinochet qui induit des jugements en court martiale ainsi que des peines beaucoup plus sévères que pour les autres citoyens chiliens, à délit identique. Les Mapuches sont donc aisément condamnés à des peines de 5 à 10 ans de prison pour des délits mineurs, vivant ainsi dans la terreur d’un faux témoignage à visage couvert monté de toutes pièces par le gouvernement Piñera qui les conduirait en prison, pour la rédaction d’une lettre trop engagée, par exemple.

« Nous, les Mapuches, ne sommes pas chiliens, nous appartenons à la nation mapuche et c’est pour ce pays, pour cette nation que nous luttons »

Des banderoles pultôt que des mitraillettes

Les Mapuches ont choisi de s’opposer pacifiquement au régime imposé par les chiliens. Actuellement, Rafael explique que quinze de ses semblables sont prisonniers, dont cinq ont entamé une grève de la faim il y a de ça plus de cent jours. Dans un communiqué, ces grévistes  disent dénoncer « la grotesque campagne anti-mapuche orchestrée par la droite économique et politique chilienne » et ont pour revendications phares la suppression de l’application de la loi antiterroriste au peuple mapuche, la suppression des jugements militaires à l’encontre de la population civile, un procès juste pour chacun des condamné Mapuche ainsi que la démilitarisation des zones dans lesquelles les communauté revendiquent des droits politiques et territoriaux.

Une terre riche de promesses

L’intérêt que trouve l’Etat chilien dans cette colonisation est principalement économique. De fait, les terres Mapuche recèlent de nombreuses richesses minières attirant les investisseurs. Mais le gouvernement a également en ligne de mire la construction du second plus grand aéroport du pays ainsi que la confection d’un barrage, entraînant l’expropriation de nombreux autochtones. Rafael Pitchun est particulièrement inquiet vis-à-vis de ces projets. Comme tout Mapuche, il est particulièrement attaché à cette terre « saine » sur laquelle il a grandit et craint d’assister à la destruction du patrimoine Mapuche. Il déclare que ce serait « un désastre écologique ». De plus, dans le cadre de ces projets, certains habitants sont déjà coupés d’eau courante depuis plus de trois mois.

Pour un mouvement global

En parallèle se déroule actuellement la contestation étudiante pour un accès aux études gratuit. Rafael, au nom de µs Mapuches, se dit solidaire de ce mouvement social : ils ont le même adversaire. Il est également « impressionné par l’organisation et la capacité de mobilisation dont font preuve les étudiants » mais il souhaite une mobilisation plus globale. La cause Mapuche reçoit de nombreux soutiens, par exemple celui du mouvement étudiant ou du Prince Philippe à la tête du Royaume d’Araucanie.

Ce dernier déclarait à TV5 MONDE que « les indiens Mapuches sont des autonomistes et non pas des terroristes ». Leur situation a également fait l’objet de rapports des ONG Amnesty International et Human Rights Watch mais le gouvernement chilien se refuse toujours à faire avancer le débat. Le seul changement notoire est l’application en 2009 de la convention 169 de l’Organisation internationale du travail, seul accord international relatif aux peuples indigènes, pourtant entré en vigueur en 1991…

Pour cette nation décrite à l’imparfait sur l’encyclopédie en ligne Wikipédia, comme si elle n’existait plus, le combat s’est toujours conjugué au présent. La conclusion reviendra à Rafael Pitchun : « Nous, les Mapuches, ne sommes pas chiliens, nous appartenons à la nation mapuche et c’est pour ce pays, pour cette nation que nous luttons. »

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