La sacro-sainte voiture de société doit-elle lâcher du lest ?

Lors de son inauguration en 2008, Railease fut saluée comme une innovation pionnière : combiner la voiture de société et le transport en commun ? Une première. Malgré cet engouement, le succès de Railease demeure à ce jour mitigé : au cours des premières années, le projet n’a attiré qu’un nombre restreint d’entreprises. Aujourd’hui cependant, cinq ans plus tard, une lueur de changement commence à poindre. Et pour cause, l’initiative Railease, au même titre que le budget de mobilité, offre une alternative durable à la voiture de société, désormais dépassée.

Alfenaar (CC BY-SA 2.0)

Railease conjugue voiture de société et abonnement de train.

Railease : de quoi parle-t-on ?

En 2008, la société des chemins de fer SNCB, en partenariat avec Accenture et la société de leasing Athlon, lancent un projet novateur visant à combiner une carte de voyages et l’utilisation d’une voiture de location. Concrètement, le travailleur peut bénéficier d’un certain nombre de trajets en transport en commun, avec pour conséquence de réduire son budget de carburant.

Ces dernières années, on assiste à une hausse spectaculaire du nombre d’entreprises qui s’associent à la SNCB.

Certes, le succès de Railease n’a pas été immédiatement au rendez-vous. Ces dernières années cependant, on assiste à une hausse spectaculaire du nombre d’entreprises qui s’associent à la SNCB. A titre d’exemple, la SNCB a écoulé une soixantaine de contrats en 2010. En l’espace de quatre ans, la société de chemin de fer a vu ce chiffre quadrupler : en 2014, on comptait 240 entreprises disposant d’un contrat Railease.

Dans les faits, on peut pourtant parler d’un fétu de paille. Ainsi, au cours de l’année 2014, 3717 navetteurs ont profité, au moins une fois, d’un jour de voyage. Or, comparé au flux des voitures de société qui peuplent nos routes (environ 400 000), ce chiffre paraît dérisoire.

Peuple, Profit, Planète

L’atout majeur de Railease : permettre au travailleur de ne pas user inutilement de sa voiture de société. En effet, lorsqu’il doit se rendre au centre-ville, le transport en commun se révèle bien plus efficace. Fini de courir après une place de stationnement ; la durée du trajet peut également être mise à profit en préparant la liste des tâches de la semaine. De plus, ce type de ticket donne accès aux services De Lijn, TEC et STIB, de manière à favoriser un maximum la proximité entre sa maison et son lieu de travail.

Aux yeux des fondateurs du projet, le confort était une condition sine qua non pour séduire les entreprises. Quant à elles, les firmes de leasing se chargent du volet administratif, délestant ainsi l’employeur de tâches supplémentaires. Autre avantage : les tickets étant attribués à une entreprise et non à une personne précise, les travailleurs ont tout le loisir de se les échanger.

Sur le plan financier, les entreprises ne doivent pas non plus endosser de surcoûts, les frais liés aux abonnements de train étant amortis grâce à la réduction du budget de carburant. Ainsi, pour un contrat de 35 000 km, on déduira en moyenne 7000 km, l’équivalent d’une tonne d’émissions de CO2 en moins par véhicule. L’environnement y trouve donc aussi son compte.

Les sacro-saintes voitures de société

Railease s’est heurté à un écueil de taille : les « sacro-saintes » voitures de société. Selon une enquête menée par Knack auprès de 7000 personnes, environ un sondé sur deux disposerait d’une voiture liée à son travail.

En vertu d’un régime fiscal favorable, la voiture de société s’avère, par exemple, bien plus intéressante qu’une augmentation de salaire : il suffit d’une minuscule somme d’argent pour décrocher une jolie voiture.

Le travailleur n’est pas prêt de renoncer à cet avantage: en vertu d’un régime fiscal favorable, la voiture de société s’avère, par exemple, bien plus intéressante qu’une augmentation de salaire : il suffit d’une minuscule somme d’argent pour décrocher une jolie voiture. Sans parler de la visibilité qu’offre une voiture en tant que produit, devenue un véritable symbole de réussite sociale.

Les voitures de société doivent principalement leur raison d’être aux coûts salariaux élevés en vigueur dans notre pays. En effet, à cause des charges considérables prélevées sur le travail, les employeurs décident de les compenser en accordant à leurs employés des avantages extralégaux.

A l’arrivée, nombreux sont les travailleurs qui possèdent une voiture de société dont ils pourraient fort bien se passer. Comme le montre une étude menée conjointement par les universités de Bruxelles, Namur et Hasselt (portant sur 1500 travailleurs), un détenteur de voiture de société sur quatre se contenterait autrement d’utiliser les transports en commun et n’achèterait pas de voiture personnelle.

La voiture de société remise en question

En conséquence, d’aucuns proposent de troquer ledit avantage fiscal en un allègement des charges sur le travail. « Dans un contexte de disette budgétaire en matière de transport en commun, de coûts salariaux élevés et d’embouteillages croissants, les incitants fiscaux en faveur des voitures de société, évalués à environ quatre milliards d’euro, confinent à l’absurde », affirme le professeur Dave Sinardet dans une tribune pour De Tijd.

De son côté, le ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) souhaitait mettre la proposition sur la table, mais son président de parti a coupé court à son élan. Pas touche aux subventions destinées aux voitures de société.

Le caractère intouchable des voitures de société a de quoi surprendre puisqu’en réalité le contribuable finance des embouteillages.

Le caractère intouchable des voitures de société a de quoi surprendre puisque le contribuable finance en réalité des embouteillages, alors même que la Belgique figure parmi les pays européens les plus touchés par la congestion routière.

D’autant plus qu’il y a un lourd tribut à payer : on ne compte plus les entreprises qui partent chercher leur bonheur à l’étranger, en quête d’endroits plus facilement accessibles.

L’environnement pâtit lui aussi de telles mesures. Toutes ces voitures de société dégagent d’importantes quantités de particules fines, ce qui a poussé des institutions internationales comme la Commission européenne et l’OCDE à tirer la sonnette d’alarme. Celles-ci enjoignent notre pays de « cesser les subventions aux effets nuisibles pour l’environnement et la santé. »

Budget auto vs budget mobilité : 0 - 1

Heureusement, tout n’est pas noir. Les entreprises savent pertinemment qu’elles ont tout intérêt à diversifier les moyens de transport disponibles pour leurs employés, au lieu de se cantonner à la seule voiture. Des solutions plus durables, plus flexibles et surtout plus rapides existent en l’occurrence. A cet égard, on citera bien entendu Railease, mais pas seulement : l’instauration d’un budget de mobilité s’avère aussi prometteur.

Prenons l’exemple de la Mobility Card d’Athlon. Ce fournisseur de services de mobilité, en collaboration avec XXImo, a mis au point une carte de paiement grâce à laquelle ses utilisateurs peuvent couvrir tous leurs frais de déplacement potentiels. L’employeur élabore le budget, tandis que la gestion de celui-ci est laissée aux soins de l’employé.

« Si on laisse le travailleur gérer lui-même son budget, il se montrera plus vigilant en matière de mobilité »

L’approche semble porter ses fruits. « Si on laisse le travailleur gérer lui-même son budget, il se montrera plus vigilant en matière de mobilité », déclare Ariane Geypen d’Athlon. « En ne transférant pas automatiquement la facture à l’employeur, on prend pleinement conscience des frais d’essence encourus. Cela nous pousse à chercher des solutions moins coûteuses. »

Un essai en la matière a été réalisé à Maastricht. Résultat ? L’instauration d’un budget de mobilité s’est traduite par une diminution de l’utilisation de la voiture de société. Pendant un an, 140 personnes percevaient chaque mois un montant couvrant leurs frais de voyage. Au final, environ la moitié des participants a déclaré qu’un budget de mobilité les incitait à modifier leur comportement : ils ont quelque peu délaissé leur voiture de société au profit des transports en commun.

La Mobility Card n’en n’est encore qu’à ses balbutiements, mais elle suscite d’ores et déjà beaucoup d’intérêt. Les solutions aux voitures de société font de plus en plus parler d’elles car elles contribuent à lutter contre les problèmes de mobilité persistants dans notre pays. « Il y a tellement d’embouteillages qu’il faut impérativement réfléchir à des mesures plus judicieuses », explique-t-on chez Athlon.

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