Pour ces jeunes Burkinabés, la lutte contre la pauvreté et la corruption continue

À l’occasion de la campagne ‘Stort regen voor Burkina Faso’ (Versez de la pluie pour le Burkina Faso), l’ONG Broederlijk Delen a invité huit jeunes Burkinabés à découvrir la Flandre et à témoigner de la situation de leur pays confronté à la pauvreté, aux conditions climatiques extrêmes et à l’instabilité politique. MO* a pu s’entretenir avec deux d’entre eux : Ismaël Compaoré et Bernard Sawadogo. ‘Notre pays a tant de problèmes, nous essayons de les inscrire à l’agenda politique.’

  • ©Broederlijk Delen Ismaël Compaoré, journaliste à Ouagadougou ©Broederlijk Delen
  •  © Broederlijk Delen Bernard Sawadogo, collaborateur d’ODJ © Broederlijk Delen
  • © Thomas De Boever ​Une réunion d’ODJ © Thomas De Boever
  • © Thomas De Boever ​Une réunion d’ODJ © Thomas De Boever

Ces dernières décennies, le Burkina Faso a été dans la tourmente. En un peu moins de soixante ans d’indépendance, sa population a dû résister plus d’une fois à la corruption et aux abus de pouvoir de ses dirigeants. Après des années de domination française, la Haute-Volta obtint son indépendance en 1960. Ce n’est qu’en 1984 que le président de l’époque, Thomas Sankara, adopta le nouveau nom de Burkina Faso, qui signifie littéralement ‘le pays des hommes intègres’. Un nom porté fièrement par sa population.

À l’occasion de la campagne ‘Stort regen voor Burkina Faso’ (Versez de la pluie pour le Burkina Faso), l’ONG Broederlijk Delen a invité huit jeunes Burkinabés à découvrir la Flandre et à témoigner de la situation de leur pays. Huit semaines durant, ils ont visité les provinces de Flandre pour y prononcer des discours.

 © Broederlijk Delen

Bernard Sawadogo, collaborateur d’ODJ

Ismaël Compaoré, journaliste, et Bernard Sawadogo, militant, étaient du voyage. Tous deux travaillent pour le mouvement de jeunesse Organisation démocratique de la Jeunesse (ODJ). Pour cette interview, ils ont essayé de retracer les événements-clés de l’histoire récente de leur pays. Avec eux, nous plongeons dans un monde où pauvreté, conditions climatiques extrêmes et instabilité politique rendent la vie tout sauf simple.

Un pays fragile

‘Le Burkina Faso est pays très jeune. Nous ne sommes indépendants que depuis 1960. Depuis ce jour, nous avons montré à toute l’Afrique de quel bois nous sommes faits.’ Ce sont les mots de Bernard Sawadogo. Il dirige une équipe d’environ trois mille bénévoles d’ODJ. Ce mouvement de jeunesse s’investit dans la défense des droits des jeunes et leur donne une voix.

‘Ces dernières années, la population burkinabé est en pleine effervescence. En 2014, nous avons réalisé l’impossible : nous avons forcé l’ancien président Blaise Compaoré, ce dictateur au pouvoir depuis 27 ans, à l’exil et nous avons exigé l’organisation de nouvelles élections démocratiques’, raconte-t-il. ‘La principale caractéristique de la population burkinabé, c’est l’incroyable combativité grâce à laquelle a pu reprendre certains droits d’un gouvernement qui se préoccupe avant tout de son enrichissement personnel et qui abandonne sa population.’

Perte de confiance

© Thomas De Boever

​Une réunion d’ODJ

L’actuel gouvernement, à la tête du quel officie le président Christian Kaboré (59 ans), a été élu démocratiquement fin 2015. Une élection qui n’a protégé le gouvernement de la perte du soutien et de la confiance de sa population. Ismaël Compaoré, un jeune journaliste vivant et travaillant à Ouagadougou, explique : ‘Kaboré a été élu démocratiquement, certes. Il était surtout la moins mauvaise option possible. Beaucoup de promesses ont été faites, mais, en un an et demi, peu ont été tenues. Les attentes de la population en matière de soins de santé, d’alimentation, de logement et de justice sont très élevées. Elles dépassent les compétences du gouvernement. Celui-ci ne fait rien dans le sens de ces mesures fondamentales, qui devraient pourtant constituer la base de tout État en bonne santé. C’est pourquoi notre peuple est si susceptible et prêt à tout pour protéger son pays. Nous avons appris de nos erreurs, nous n’accepterons plus de régime totalitaire.’

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​Une réunion d’ODJ

‘Au Burkina Faso, tout tourne autour des multinationales, tandis que la population est délaissée. L’argent obtenu par l’État via la vente de terres ou la conclusion d’accords avec des multinationales finit invariablement dans les poches du gouvernement. Nous avons peu de grandes, de puissantes entreprises.

Les traités de libre-échange signés avec les pays occidentaux fragilisent notre économie comme jamais auparavant. Elle dépend à plus de 80 % de l’agriculture. Le prix d’exportation de nos marchandises est fixé par de grandes multinationales venues ruiner notre pays avec leurs mines d’or.’

‘Cela dit, il y a aussi eu des choses positives, comme la gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans. Là aussi, le mérite revient au peuple, nous avons dû batailler pour l’obtenir. Le gouvernement nous craint : nous lui avons démontré notre détermination et notre refus de nous laisser faire. La population est prévoyante et prudente, elle contrôle le gouvernement à chaque instant. Toute l’Afrique sait désormais comment nous réglons nos comptes avec de mauvais gouvernants’, raconte Ismaël.

Santé, logement, enseignement, emploi. Ce sont les secteurs dans lesquels les jeunes Burkinabés attendent un changement aujourd’hui. ‘Notre pays a tant de problèmes, nous essayons de les inscrire à l’agenda politique. Comment pouvons-nous changer les choses sans mobiliser la population ? Lutter est important.’

Progression

‘Au Burkina Faso, le quatrième pouvoir a un pouvoir considérable. Aujourd’hui, si les journalistes sont libres et ont des droits, c’est le fruit d’un long combat.’

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Ismaël Compaoré, journaliste à Ouagadougou

‘Encore une fois, c’est principalement à la population qu’ils doivent l’acquisition de ces droits et la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Avant, les chaînes publiques étaient contrôlées par le ministre de la Communication, vous imaginez ? Et cela n’a changé qu’en 2015.’

‘Beaucoup de promesses ont été faites, mais, en un an et demi, peu ont été tenues’

 

‘La situation s’améliore, mais c’est un travail de longue haleine. Même la collecte d’informations pose encore des difficultés. Dans bien des cas, les ministres sont les seuls à communiquer des informations aux journalistes. Cela ne facilite pas notre travail. Jadis, sous Compaoré, trop de critique du gouvernement pouvait valoir à un journaliste d’être trainé en justice. Là encore, la population parvint à changer la donne.’

‘Il y a un an et demi, le gouvernement a gagné notre confiance et a été élu. Aujourd’hui, il doit prouver de quoi il est capable. Trop peu de changements concrets ont vu le jour. S’il veut éviter davantage de protestations, il doit agir. Nous attendons’, conclut Ismaël.

Afin de résoudre le problème de sécheresse du Burkina Faso, Broederlijk Delen a lancé en mars la campagne ‘Stort regen voor Burkina Faso’, qui se déroule jusqu’au 16 avril. Pour plus d’information, rendez-vous sur : www.stortregen.be

Traduction : Marie Gomrée

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