L’homosexualité malmenée à Dakar

Les habitants de Sicap-Mbao, en banlieue de Dakar, sont hors d’eux : les neuf Sénégalais homosexuels, condamnés en première instance à 8 ans de prison pour « acte impudique et contre-nature et association de malfaiteurs », ont été libérés. Pour cette population à 90% musulmane, c’est la déception et la révolte; pour eux, l’homosexualité, taboue, est une déviance condamnable importée d’Occident et doit absolument être punie.
L’homophobie se durcit, au Sénégal, avec des actes de violence de plus en plus virulents envers les homosexuels. Profanation de cadavres, multiplication de la violence, et à ce sentiment général s’associe la loi, qui interdit officiellement l’homosexualité, sous peine d’un à cinq ans d’emprisonnement. Pourtant, c’est de huit ans de prison que les neuf hommes ont écopé, une peine alourdie par leur participation à des groupes homosexuels contre le sida (« association de malfaiteurs »).
Les neuf hommes se sont retrouvés derrière les barreaux, en décembre dernier, après avoir été surpris en plein ébats sexuels dans un appartement privé, selon la presse locale. Mais dans les faits, ils auraient été simplement en possession de matériel pornographique gai. Leur condamnation a été menée en appel et le juge a statué qu’il y avait eu vice de procédure. Verdict final? Procédure nulle. Pour plusieurs Sénégalais, c’est le scandale, et c’est avant tout une ingérence de la France dans leurs affaires, puisque selon eux, la cause a été annulée à cause de l’intervention de la secrétaire d’État français aux droits de l’homme, Rama Yade, du président français Nicolas Sarkozy et de plusieurs autres officiels.
Mais si l’emprisonnement a causé un tollé en France, la libération a véritablement mis le feu aux poudres à Dakar. Plusieurs organisations religieuses, telle Jamra, une ONG islamiste, et l’AEEMS, l’Association des étudiants et des étudiantes musulmans du Sénégal, se sont indignés de cette décision, ayant à l’encontre des coutumes et des croyances de leur religion. L’AEEMS a même poussé plus loin en affirmant que l’État devait éviter de dépénaliser cette pratique et qu’elle devait prendre « des mesures draconiennes contre ce phénomène immoral, voir bestial ».
Ce n’est pas la première fois que le Sénégal fait face à des affaires mettant en cause des homosexuels. Depuis 2007, les cas se multiplient. En 2008, un Belge et un Sénégalais ont été condamnés à deux ans de prison pour cause de « mariage gai et d’actes contre-natures ». La même année, la tombe d’un homosexuel bien connu, mais « repenti » a été profanée. Et le 4 mai 2009, le cadavre d’un homosexuel notoire a été déterré et traîné devant la demeure de ses parents, les villageois refusant de voir sa dépouille inhumée dans leur cimetière. Cette montée de la violence s’explique, selon le professeur de sociologie Cheikh Ibrahima Niang, de l’Université de Dakar, par la “radicalisation du discours religieux”. Il ajoute que la société vivant actuellement une crise, elle transfert sa frustration sur les minorités. L’intolérance se perçoit également sur les forums Internet traitant de l’homosexualité, où les goorijen (terme péjoratif signifiant homme-femme, en wolof), sont traités d’impurs et de non-musulmans. Mais dans la rue, les attaques sont pires. D’ailleurs, certains protagonistes de l’affaire de Mbao ont dû fuir en exil, pour éviter le lynchage collectif.

Signe toutefois d’une ouverture balbutiante, certaines voix publiques commencent à réclamer la décriminilisation de l’homosexualité. Alioune Tine, le secrétaire général de la RADDHO, une ONG en faveur des droits de l’homme, clame que « l’État doit garantir le droit à l’intimité » et « qu’il est temps que le Sénégal lutte contre toute forme de discrimination ».
Le professeur Niang, quant à lui, a fait une déclaration coup de poing en entrevue au journal sénégalais L’Observateur, en faisant remarquer que « le fait qu’il y ait différentes formes d’orientation sexuelle, est un phénomène anthropologique qui a existé dans toutes les sociétés ». Il a même été plus loin en affirmant que le Sénégal a besoin des homosexuels : « Chercher la pureté, c’est éliminer tout ce qui est différent. Alors que la quête de la pureté fragilise notre société (…) Vous avez besoin d’être confrontés à ce qui est différent de vous. En ce sens, nous avons besoin d’eux ».

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