LA CRISE FINANCIERE, une opportunité historique

Selon Gills la crise que nous vivons aujourd’hui est causée précisément par la mondialisation capitaliste. La volatilité extrême et les risques extrêmement élevés qui ont été pris, ont provoqué la crise. Tout cela était encore attisé par la logique de dérèglement tant recherché.
Bien sûr qu’on l’a vu arriver. Mais il était interdit d’intervenir ; le marché se régulariserait lui-même. Un fondamentalisme de marché aveugle a mené à la crise, et vu son ampleur, ce n’est plus une crise au sein du système mais le système lui-même qui est en crise.
De nouveau le Sud risque d’en devenir la victime. Si l’économie mondiale ralentit, cela a des conséquences pour les sweatshops, les entreprises d’assemblage et les zones d’exportation hors-taxe. Nos marchés sont à ce point imbriqués les uns dans les autres.
Mais il y a plus. Lorsque les marchés immobiliers aux Etats-Unis s’effondraient, les spéculateurs jouaient leur argent sur le marché des céréales. Cette vague spéculative était l’une des causes des prix démesurés des denrées alimentaires. Des tas de pays du Sud avaient cependant les années précédentes, en accord avec le Washington Consensus, réduit leur production alimentaire, « puisqu’il était moins cher d’importer ».
La totalité des êtres humains, réduits à la faim, a entre-temps augmenté honteusement de 850 millions à 1 milliard de personnes. Qui peut encore croire que le monde prend au sérieux les objectifs du Millénaire ?
Non seulement ces objectifs ne seront jamais atteints dans le système économique actuel, mais ce qui est beaucoup plus grave, personne ne semble perdre le sommeil quand la faim et la misère augmentent dans le monde. La conscience – ou la volonté politique – qu’il est urgent de remédier à la pauvreté inhumaine dans le monde est pratiquement totalement absente. N’est-ce pas honteux de voir apparaître aujourd’hui des milliards pour sauver les banques.
Lors d’une réunion récente du Conseil de l’Europe, un point à l’agenda était le soutien à l’Afrique. Mais ce point n’a jamais été débattu tellement la crise financière s’est accaparé de toute l’attention.
Le problème n’est pas qu’il n’y a pas d’argent. Douze trillions de dollars se trouvent bien à l’abri dans des paradis fiscaux. Même des avoirs de Fortis auraient été abrités sur des comptes offshore, selon la rumeur.
Il est plus que temps de substituer à ce système capitaliste à risques, un système qui préviendrait les risques et qui serait basé sur la solidarité au lieu de l’être sur la concurrence. Un pareil système pourrait abolir les dettes du Sud. Il pourrait investir dans des projets qui arrêteraient le réchauffement global, ou dans l’économie verte, ou dans de l’énergie renouvelable, ou encore dans le travail dans la dignité, dans l’habitat, dans l’enseignement et les soins de santé à la portée de tous.
On prédit que la crise durera encore au moins cinq ans. Employons ce temps pour réaliser quelque chose de meilleur, de nouveau, de différent. Make change happen !