Youssou N’Dour, la voix du Sénégal

Youssou N’Dour (49) est le musicien Africain le plus connu de tous les temps. En 2007 le magazine ‘Time’ le proclama même une des personnes les plus influentes du monde. A l’occasion du nouveau documentaire Youssou N’Dour. I bring what I love MO* a eu un entretien avec la voix du Sénégal à Amsterdam
La veste et le pantalon blancs qu’il porte lors de l’interview soulignent la taille élancée de Youssou N’Dour, et donnent aussi l’impression qu’il est un autre homme que le chanteur qui toujours monte sur scène dans sa tenue typiquement africaine. L’impression est de courte durée. Toute chose a une signification et l’Afrique signifie beaucoup pour Youssou N’Dour. L’Afrique est même sa mission de vie. “Mon engagement à vie est de dévoiler au monde la vraie image de l’Afrique”, dit-il. “L’Afrique n’est pas que drames, guerres, pauvreté et SIDA. L’Afrique nous offre aussi un visage bien différent, fantastique: la solidarité, l’impact de la famille, le bonheur, le soleil, les cultures, tout ce qui permet à nous les Africains de tenir le coup et de continuer.”
Il a bien réussi à transmettre cette image, du moins musicalement. N’Dour a joué un rôle important dans l’essor internationale de la musique africaine. “Sur le plan international la musique africaine a surtout été la musique d’origine congolaise ou de l’Afrique de l’Est. Le Sénégal a dû rattraper son retard, mais cela nous a apporté du bien en même temps.” dit Youssou N’Dour. “Nous avons commencé par retourner à la musique traditionnelle et puisque nous les Sénégalais nous sommes très ouverts à d’autres influences, un mélange excitant qui a su plaire à des gens au monde entier en est le résultat.”
Les succès se sont enchaînés, sur le plan local ainsi qu’ international. Au Sénégal N’Dour est surnommé le roi du mbalax, un style qui mélange les rythmes sénégalais traditionnels au jazz, au rock et à la musique caraïbe. Depuis son concert avec Peter Gabriel aux années ‘80, il est sollicité par des artistes célèbres, tels que Neneh Cherry et Wyclef Jean. En 1998 Axelle Red et lui écrivirent et chantèrent l’hymne d’ouverture du Championnat Mondial de Football. “La langue est importante, mais elle ne constitue pas de barrière.” dit Youssou N’Dour. “Si on ne comprend pas la langue, il manque quelque chose, mais cela ne veut pas dire que ce soit moins intéressant’.
Malgré son succès, le chanteur Africain le plus connu n’a jamais eu envie de quitter le Sénégal. “Il est vrai qu’il ne faut jamais dire jamais”, il rigole. Mais il sait que son choix de rester dans son pays aide à expliquer de manière ou d’autre sa renommée internationale. “Ce n’était pas un choix, c’était une situation tout à fait naturelle”, dit-il. “Ca n’a jamais été un calcul. J’aime trop ma famille et mes amis pour m’installer ailleurs et je crois aussi que le Sénégal a besoin de ma musique.”
L’engagement de N’Dour pour l’Afrique a fait qu’il soit présent aussi en dehors de sa musique et cette présence a remis pleins feux sur sa musique. C’est l’enfant qui occupe la place centrale dans cet engagement. Ambassadeur UNICEF en 2006, Youssou N’Dour fut le visage d’une grande campagne contre la malaria, une maladie mortelle qui touche surtout les enfants en Afrique. “Je veux que les gens prennent leur responsabilité vis à vis les enfants. L’enfant en Afrique a droit à la santé, à l’enseignement et à la culture. Je ne veux pas que les enfants africains se déracinent. Je veux qu’ils soient attachés à notre culture.”
Il  n’est pas toujours facile de changer l’image de l’Afrique et d’apprendre aux jeunes à apprécier la culture africaine. Youssou N’Dour s’en rend bien compte. “Il y a des situations qui te contredisent.” dit-il. “Il y a la guerre au Congo de l’Est. Les images venues de cette région rendent un discours optimiste et joyeux peu crédible. On ne peut pas dire que tout est super en Afrique. L’Afrique est un continent contradictoire. Mais pour moi, ces contradictions mêmes sont une source de richesse. J’en tire parti. La diversité des langues par exemple pour moi est une richesse et ça m’inspire confiance. Je n’aime pas parler des drames humaines. Je préfère faire ressortir le côté positif.”
C’est ce côté positif que les Africains mêmes doivent percevoir. Il faut qu’ils aient confiance en eux et continuent à lutter. “L’Afrique a besoin des Africains”, dit Youssou N’Dour. “Nous ne pouvons pas toujours compter sur des solutions venues de l’extérieur.” C’est cette conviction-là qui a mené N’Dour à collaborer à la campagne contre l’immigration illégale, organisée par l’Espagne en 2007. Dans un des spots télévisés réalisés dans le cadre de la campagne, N’Dour incite les jeunes de ne pas risquer leur vie pour rien: “Vous êtes l’avenir de l’Afrique.”
“Nothing’s in vain, titre d’un de mes albums, est aussi un peu ma devise de vie.” dit N’Dour. “Ca veut dire que, si on croit en quelque chose, cela deviendra réalité un jour. Aussi se crée-t-il une sorte de libération. Voilà pourquoi j’insiste sur le fait qu’il faut tout mettre en œuvre pour réaliser ce qu’on cherche à atteindre, quelles que soient les difficultés. Pas la peine de faire des calculs ou de compter les étapes, car se libérer, ça veut dire croire et poursuivre. Ca veut dire aussi partager son succès avec les autres.”
Youssou N’Dour a gagné en liberté grâce à son choix pour l’Afrique. “Je prête beaucoup d’attention à ce qui se passe autour de moi et je suis très libre. Je goûte de tous les genres musicaux, je n’ai pas peur de faire des expériences. Je m’ouvre à d’autres influences, ce qui est propre à l’Afrique et aux Africains.” dit-il. Mais le choix pour l’Afrique non seulement mène à la liberté, il implique également un sens de responsabilité.
“Quand on reste en Afrique, on ne peut pas se permettre d’aller trop loin. Certains aspects  culturels donnent à penser. On est prudent parce-qu’on sait qu’il y a des gens qui te regardent. On ne peut pas exagérer, ou changer son comportement. Ca s’applique aussi à la musique. Au Japon, j’ai envie de faire des trucs avec des tambours. De retour au studio au Sénégal, je sais qu’il faut éviter de franchir certaines barrières. Il ne faut pas que j’exagère. Je sais où m’arrêter.”
Les enregistrements de l’album ‘Egypt’ (2005) ouvrent le documentaire ‘Youssou N’Dour. I bring what I love.’ de Chai Vasarhelyi, passé en première fin novembre à l’International Documentary Film Festival Amsterdam. Sur cet album N’Dour exprime son amour de sa religion, l’islam. “J’y précise que l’islam n’est pas une religion reservée aux Arabes. Elle est aussi la religion de beaucoup d’Asiatiques et d’Africains. Au Sénégal 95 pour cent de la population est musulmane. J’ai l’impression que quand on parle de l’islam, on oublie d’y compter les musulmans africains. Mon but est de montrer que l’islam existe également en Afrique noire.”
N’Dour aprrécie qu’un Afro-Américain réside maintenant dans la Maison Blanche, surtout pour ce que ça signifie aux Etats-Unis. “Les noirs vont avoir l’expérience que les autres dèsormais ont un regard différent sur eux. C’est clair. Mais en fait, c’est surtout une bonne chose pour l’image des EU même. En outre, n’oublions pas qu’Obama est en premier lieu Américain, il n’est pas un Africain qui est resté en Afrique pour diriger le monde. Il incombe aux EU de diriger le monde.”
Bien plus que l’élection de Barack Obama à la tête de la Maison Blanche, c’est la crise financière qui remplit Youssou N’Dour d’optimisme. “C’est la première fois depuis très longtemps qu’on connaît une crise financière de telles proportions. La crise a forcé les grands pouvoirs à consulter les autres pays. Les EU et les grands pays européens se mettent autour de la table avec des nouveaux venus tels que la Chine et le Brésil. Le Brésil exige que d’autres pays soient impliqués au débat. Ce qui mène à une sorte de Nations Unies des Finances. C’est une bonne chose. Les Nations Unies ont perdu toute importance. C’est la loi du plus fort qui y règne et on connaît maintenant les lourdes implications d’une telle loi’.

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