Les taxes routières illégales remplacent les minerais de conflit au Congo

© IPIS

 

Maintenant que faire de l’argent avec les minerais de conflit devient de plus en plus difficile pour les rebelles de la République démocratique du Congo, ceux-ci cherchent, avec succès, d’autres opportunités. Les taxes routières illégales sont la nouvelle vache laitière, dit Peer Schouten, lié à IPIS, International Peace Information Service à Anvers en Belgique.

Il est connu depuis longtemps que les rebelles de la République démocratique du Congo (RDC) financent leurs activités avec les recettes de l’exploitation minière. Le sol congolais abrite de grandes quantités de minéraux précieux. Ainsi, l’exploitation industrielle du cuivre et de l’or est devenue, dès ses débuts, l’épine dorsale du colonialisme belge et, plus tard, de la kleptocratie de Mobutu Sese Seko.

Fantassins du secteur de la haute technologie

Après la guerre froide, le soutien à Mobutu a décliné et des masses de Congolais ordinaires ont plongé dans l’exploitation minière dans l’espoir de pouvoir en vivre. Aujourd’hui, des centaines de milliers de ces mineurs sont toujours actifs. Pour un peu plus d’un dollar par jour, ils sont les fantassins du secteur de la haute technologie. Avec un minimum d’outils, ils extraient non seulement le cuivre et l’or, mais aussi des minéraux tels que le coltan, le tungstène et le tantale.

Cette exploitation non réglementée a alimenté le conflit dans le pays. Certains des sites miniers sont sous le contrôle de soldats ou de rebelles, qui exigent un “intérêt” avant que les minerais ne trouvent leur chemin vers les producteurs asiatiques et les marchés occidentaux.

L’Envoyé spécial des Nations Unies pour la région des Grands Lacs africains a récemment réaffirmé ce sombre lien entre les conflits et les minéraux. Il a déclaré que l’exploitation minière reste la principale cause de conflit et d’instabilité au Congo

Au cours des deux dernières années, quelque 400 des 2.400 sites miniers ont été déclarés exempts de conflits. Les travailleurs gagneraient de l’argent ici sans travail forcé ni impôts illégaux élevés.

Les bailleurs de fonds ont élaboré des directives, les entreprises ont promis de s’engager pour rendre les chaînes d’approvisionnement propres et toutes sortes d’organisations tentent d’éloigner les rebelles et les soldats des sites miniers. Des mesures importantes ont été prises. Au cours des deux dernières années, quelque 400 des 2.400 sites miniers ont été déclarés exempts de conflits. Les travailleurs gagneraient de l’argent ici sans travail forcé ni impôts illégaux élevés.

Mais les rebelles trouvent d’autres moyens pour gagner de l’argent. Maintenant qu’ils sont chassés des sites miniers, ils essaient simplement de prendre le contrôle des routes. Ceux qui contrôlent les voies de transport peuvent prélever des taxes et contrôler toutes les activités économiques.

Dans le cadre d’une étude, nous avons cartographié près d’un millier de barrages routiers dans l’est du Congo. Il était difficile de trouver un chemin sans barrage routier. Il est temps de reconnaître que ces barrages routiers sont une source de revenus pour les rebelles et les soldats.

Tout le monde en profite

L’année dernière, dans la province du Nord-Kivu déchirée par la guerre, le général Mando, le chef des Mai Mai Simba, le plus ancien groupe rebelle du Congo, et un grand nombre de représentants de l’Etat et de l’armée se sont rencontrés pour d’importantes négociations. Le but de la réunion était de convaincre le chef rebelle de renoncer à l’exploitation d’une mine d’or rentable.

Un chercheur local, témoin de la rencontre, a déclaré qu’après avoir entendu les arguments, Mando a dit : « Mais moi je vous ai toujours payé une part proportionnelle de mon revenu. Tout le monde en a profité. Vous avez toujours reçu votre part. Et en guise de remerciement, vous venez avec l’armée, pour que ce soient maintenant eux qui vont en bénéficier ! Donnez-moi une seule bonne raison de partir ! »

Après un débat houleux de plusieurs heures, une solution pragmatique a été trouvée : Mando a été autorisé à ériger des barrages routiers à une courte distance de la mine et à y prélever des taxes. Cela rapporterait moins que la mine d’or, mais avait l’avantage que c’était beaucoup plus facile à faire et à cacher.

A la suite de ces accords, les autorités ont déclaré la mine officiellement ” sans conflit ” vis-à-vis des bailleurs de fonds occidentaux, tout en maintenant une partie locale influente satisfaite.

Pratiques extorsionnistes

L’histoire de Mando n’en est qu’une parmi tant d’autres. Il y a environ 120 différents groupes armés au Congo. Les barrages routiers sont essentiels à leur survie. Ceci est particulièrement vrai pour les chefs rebelles dans les régions où il n’y a pas de minerais.

Les routes congolaises sont convoitées pour l’extorsion, car tout le monde doit apporter ses produits au marché.

Partout dans l’est du Congo, où les groupes armés disparaissent des mines, les barrages routiers apparaissent, simplement pour financer leurs activités. Les routes congolaises sont convoitées pour l’extorsion, car tout le monde doit apporter ses produits au marché.

Cette activité est simple, comparée au contrôle d’une mine. Il est beaucoup plus facile de s’asseoir au bord de la route, de placer une ficelle et d’attendre que l’argent arrive.

Les barrages routiers sont également une stratégie cruciale pour les partis au pouvoir. Le Congo est aussi grand que l’Europe de l’Ouest, mais n’a que 2.000 kilomètres de routes pavées. Comme la RDC perçoit peu d’impôts et que les postes gouvernementaux ou militaires éloignés doivent en grande partie s’autofinancer, les fonctionnaires et les militaires utilisent les barrages routiers pour se doter de salaires à partir des taxes perçues. Leurs commandants leur imposent souvent un quota minimal hebdomadaire.

Le résultat en est que tout ce qui bouge est taxé. Chaque produit qui doit être transporté des champs au village, puis du village au marché, se heurte à une série de prélèvements.

Exploitation systématique en cours de route

Une corde entre deux palmiers ne suscite qu’une simple irritation aux passants. Mais si on multiplie la corde par mille, on obtient une source importante de financement des conflits.

Les routes congolaises sont un endroit crucial où se rejoignent les taxes illégales, les conflits et leur financement. Demandez à n’importe qui à l’est du Congo comment la guerre affecte leur vie, et vous aurez probablement beaucoup de plaintes au sujet des barrages routiers et des prix des aliments, et peu en rapport avec les mines distantes. Pour le citoyen congolais moyen, le fardeau cumulatif des taxes routières est un problème majeur. Cela conduit à des prix élevés, même pour les produits de base, et cela pour une population qui essaie de survivre avec seulement un dollar par jour.

Il n’est pas facile pour la communauté internationale de s’attaquer aux barrages routiers. Lorsqu’une patrouille de l’ONU passe, les rebelles la laissent tout simplement passer. Le barrage est remis en place aussitôt que les casques bleus ont disparu.

Et pourtant, il doit y avoir un moyen. Une solution possible est d’utiliser une base de données pour prévenir les abus. Par exemple, une application pourrait être développée pour enregistrer les abus et confronter le gouvernement avec sa responsabilité de combattre ces taxes illégales.

Les “minerais de conflit” ne sont qu’une face de la problématique congolaise. L’exploitation systématique des Congolais en cours de route ne peut être ignorée. Ces barrages routiers entravent sérieusement leur vie quotidienne.
 

Traduit du néerlandais par Ivan Godfroid

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