Un partenariat avec le Congo doit pouvoir restaurer l’État de droit et la souveraineté du peuple

Martin Fayulu : « Sans gouvernement légitime ni État de droit, l’investissement dans le secteur du développement est un investissement à perte »

Gie Goris (CC BY-NC 2.0)

 

Martin M. Fayulu. « Président élu, République Démocratique du Congo » peut-on lire sur sa carte de visite. Et en effet, Fayulu a été élu nouveau président du Congo le 30 décembre 2018, selon les chiffres hautement fiables des observateurs électoraux de l’Église. Il avait une longueur d’avance, mais toutes sortes de machinations ont cependant fait accéder Félix Tshisekedi à la présidence aujourd’hui, avec Joseph Kabila tirant réellement les ficelles en coulisses. « Je n’appartiens pas à l’opposition », dit-il. « Car cela voudrait dire que j’accepte la répartition illégitime du pouvoir entre Kabila et Tshsekedi. » Ce qu’il refuse, donc.

« Je n’appartiens pas à l’opposition », dit Fayulu. « Car cela voudrait dire que j’accepte la répartition illégitime du pouvoir entre Kabila et Tshsekedi. »

Tant la société civile congolaise que la communauté internationale ont finalement accepté la passation de pouvoir douteuse, bien qu’à contrecœur, comme un fait accompli et essaient entre-temps d’en tirer le maximum. Ce qui a en tout cas changé l’année passée, est que  les relations troublées entre la RDC et la Belgique étaient reparties sur de nouvelles bases positives. La première mission à l’étranger de Tshisekedi l’a mené à Bruxelles, et la visite aujourd’hui de trois ministres belges à Kinshasa est aussi la plus haute délégation gouvernementale depuis dix ans.

MO* s’est entretenu à ce sujet avec Fayulu à l’ambassade de Belgique à Kinshasa, en marge de la visite de la Première ministre Wilmès, du vice-Premier ministre De Croo et du ministre De Crem. Un peu auparavant, le 6 février, Fayulu a aussi parlé avec la Première ministre Wilmès à l’ambassade Belge. Demandé pourqoui ell a reçu Faulu, mais pas Katumbi ou Bemba, Wilmès nous repondait qu’elle a répondu à la demande de Mr. Fayulu, mais qu’elle n’avait pas reçu d’autres demandes.

Martin Fayulu commence son discours par la confirmation rituelle que « la Belgique aime le Congo et que nos pays sont des amis. » Fayulu : « Celui qui voit la misère des Congolais sait que nous avons besoin de la solidarité de la Belgique. Mais la question est : avec qui la Belgique va-t-elle parler et collaborer ? »

« C’est évidemment une bonne chose que la Première ministre belge soit venue nous rendre visite, mais Tshisekedi et l’Assemblée nationale sont à vrai dire illégitimes. C’est la raison pour laquelle il est important, dans une perspective d’avenir, de réaliser des réformes dans l’urgence, afin de pouvoir  obtenir de nouvelles élections fiables. La seule manière de résoudre la crise actuelle de légitimité, est de réformer le code électoral, la commission électorale et toutes les instances censées garantir l’indépendance des élections. Comment peut-on autrement  envisager d’œuvrer à une meilleure gouvernance, une lutte contre la corruption  et la protection des droits de l’homme ? »

Il est important, dans une perspective d’avenir, de réaliser des réformes dans l’urgence, afin de pouvoir  obtenir de nouvelles élections fiables

« Cela fait entre-temps un an que les élections sont finies et il ne se passe rien. Si l’on n’agit pas rapidement maintenant, les élections de 2023 seront à la porte sans que les réformes nécessaires aient été réalisées. Je crains alors que Messieurs Kabila et Tshisekedi n’avancent que lorsqu’ils en reçoivent le feu vert, pour mieux s’immobiliser l’instant d’après ou que leurs militants ne provoquent une crise artificielle qui détourne le public des exigences essentielles, ce qui permet alors au statu quo politique de continuer. »

« Nous prenons notre responsabilité, mais la Belgique et la communauté internationale doivent aussi prendre leurs responsabilités. Ce qui signifie restaurer la souveraineté du peuple congolais. Le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne parce que le peuple s’est prononcé en faveur de cette sortie. De façon similaire, la voix du peuple congolais doit être entendue et respectée. »

La coalition entre Kabila et Tshisekedi se maintient déjà depuis un an, mais ne se fait pas sans tensions, et l’on parle d’une résistance mutuelle et de blocages à différents niveaux du gouvernement.

Martin Fayulu : C’est une coalition qui n’est pas massivement soutenue, et n’obtient même pas la majorité au sein du FCC de Kabila et du CACH de Tshisekedi. Pourtant, Kabila ne cesse de répéter qu’il ne laissera jamais tomber Kabila. Il est clair que les deux dirigeants ont besoin l’un de l’autre pour rester au pouvoir. Mais on ne peut pas prédire l’avenir, et nous verrons donc ce qu’il en ressortira. Car à côté des calculs politiques, il y a une énorme crise sociale dans le pays. Et le gouvernement travaille avec un budget de 11 milliards, mais sans le soutien étranger, on ne chiffre pas plus de 6 milliards de revenus. Ce qui signifie que la situation empire.

Demandez- vous que la population s’élève contre cette situation ?

La population se rebelle chaque jour. Mais nous pratiquons la résistance passive au Congo, car l’on répond par la violence aux formes actives de protestation

Martin Fayulu : La population se rebelle chaque jour. Mais nous pratiquons la résistance passive au Congo, car l’on répond par la violence aux formes actives de protestation. Il y a une longue liste de répression violente sous Kabila. Selon les pays étrangers, on observe une progression des droits de l’homme depuis que Tshisekedi est devenu président. Mais des militants de mon mouvement se trouvent en prison simplement parce qu’ils ont exprimé leur opinion.

Qu’attendez-vous concrètement de la solidarité belge envers le Congo ?

Martin Fayulu : Que la Belgique veille à ce que le Congo devienne un véritable État de droit où les droits de l’homme sont respectés. Un État de droit aux frontières clairement définies, où les autres pays ne viennent pas perturber la vie et le fonctionnement du Congo. Ce qui signifie que d’autres pays respectent aussi la souveraineté de l’État et de la population.

 Et qu’implique alors un nouveau partenariat entre la Belgique et le Congo ?

Martin Fayulu : Le Congo est vulnérable sur certains points, car le pays n’a pas connu de développement normal. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’un partenariat avec ceux qui sont forts dans les domaines où nous sommes faibles. Il s’agit notamment de la construction d’un État performant, mais aussi de l’acquisition de technologies que nous ne possédons pas. Un partenariat peut et doit avantager tant la Belgique que le Congo.

Mais si vous dites que le Congo n’a pas connu un développement normal, la Belgique en est quand même grandement responsable ?

Martin Fayulu : Écoutez, pour reprendre les mots de Madame la Première ministre de Belgique : nous devons laisser le passé derrière nous. Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Oui, on peut rejeter la faute sur la Belgique. Comme sur Mobutu ou sur Laurent-Désiré Kabila. Mais cela ne fait pas avancer les choses. Tout d’abord, le peuple congolais doit recevoir un gouvernement légitime. C’est seulement ainsi que nous pouvons entrer en dialogue comme un véritable peuple souverain, résoudre nos problèmes mutuels et nous attaquer aux problèmes du passé.

Le peuple congolais doit recevoir un gouvernement légitime. C’est seulement ainsi que nous pouvons entrer en dialogue comme un véritable peuple souverain, résoudre nos problèmes mutuels et nous attaquer aux problèmes du passé.

Comment y arriver ?

Martin Fayulu : En respectant les résultats des élections. Les élections ne sont tout de même pas conçues comme un instrument pour arriver frauduleusement  au pouvoir ? Les élections sont le moyen d’expression des véritables désirs du peuple. Sans gouvernement légitime et sans État de droit, l’investissement dans le développement est un investissement à perte.

Le rétablissement des relations entre le Congo et la Belgique est alors une bonne chose ?

Martin Fayulu : Il faut bien comprendre que Kabila est responsable des difficultés des années précédentes. Et que le pouvoir est aujourd’hui toujours entre les mains de Kabila. C’est la raison pour laquelle j’ai clairement expliqué à Madame la Première ministre de Belgique que la Belgique doit continuer à collaborer avec le peuple congolais.

Et donc : ne pas collaborer avec Kabila et Tshisekedi ?

Martin Fayulu : Ce n’est pas à moi de dire à la Belgique ce qu’elle doit faire. Mais je tiens à dire clairement que le peuple congolais a fait un choix le 30 décembre 2018. Ce qui est ensuite arrivé a été fabriqué sur demande de Kabila, y compris la construction avec Tshisekedi. Vous devez bien vous mettre en tête que Tshisekedi n’est pas seulement un président illégitime à l’heure actuelle, mais aussi illégal, car le code électoral n’est pas respecté.

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