Lettre ouverte. Citoyenneté pour tous

Un an après les attentats du 22 mars, nous prenons le temps de nous pencher sur ce qui s’est déroulé et ce qui a été dit au cours de cette année. Nous prenons le temps de nous arrêter pour mesurer les dégâts et faire le bilan.

L es attentats de Zaventem et de Bruxelles ont profondément blessé la société. Les garde-fous ont sauté, la culture de la peur et de la haine s’est davantage répandue et le fossé entre les différents groupes de populations s’est creusé.

Si les remarques et les affirmations gratuites et blessantes de certains politiciens à l’adresse de citoyens d’origine étrangère nous contrarient, les mesures et les lois qui bafouent les principes fondamentaux de notre État de droit comme l’égalité devant la loi, la séparation des pouvoirs et la présomption d’innocence nous inquiètent. Elles font de certains d’entre nous des citoyens de second rang et attisent la méfiance du reste de la population.

Comment allons-nous nous défendre ? Beaucoup se le demandent. Y a-t-il encore quelque chose à dire ? Aussi, beaucoup ont arrêté de parler, parce qu’ils n’ont plus rien à raconter, parce que tout a été dit. Beaucoup se demandent s’ils ont encore un avenir ici.

Un an plus tard, nous nous levons pour dire non. Non à la polarisation, non à la criminalisation, non à la punition collective de tout un pan de la population, simplement en raison de leur origine ethnique ou religieuse spécifique.

Nous, citoyens d’origine étrangère, demeurons en premier lieu des citoyens individuels et refusons d’être tenus pour responsables de tout ce qui dysfonctionne dans la société. Nous ne voulons pas qu’on se serve à tort et à travers de nous pour acquérir de la notoriété, faire carrière ou légitimer une politique particulière.

Sommes-nous en train de relativiser les attentats ou le reste des questions sociétales ? Pas du tout. Nous comprenons la peur qui règne et ne nions pas qu’il y a des problèmes pouvant être liés à une certaine conception d’une religion ou d’une identité. Mais la religion est aussi politique et les problèmes ont vocation à être résolus en concertation et dans le respect mutuel.

Il n’y a pas d’excuse pour le terrorisme. Mais le terrorisme est l’enfant bâtard de la guerre. Il n’y a pas d’excuse pour la guerre. Nous, citoyens ordinaires, ne sommes pas responsables de cette situation. Mais nous en partageons le prix à payer. Néanmoins, nous souhaitons assumer nos responsabilités.

Nous, citoyens d’origine étrangère, comprenons non seulement les questions posées, les doutes et les angoisses, mais sommes nous-mêmes anxieux et préoccupés. Nous prenons aussi le métro et l’avion. Qui plus est, nos aspects et nos noms suffisent aujourd’hui à faire de nous des suspects aux yeux de bon nombre.

Voilà pourquoi nous nous dressons pour exiger respect et dignité. Nous nous dressons pour dire qu’il est plus que temps de faire de la citoyenneté à part entière pour tous une priorité. Nous voulons une contre-offensive qui s’attaque à l’inégalité et à l’exclusion. Nous voulons voir l’État de droit être consolidé. La démocratie, la séparation des pouvoirs et le respect des droits de l’homme sont pour nous la pierre angulaire d’une société dans laquelle chacun a sa place. Il est donc essentiel de préserver l’État de droit, parce que lui seul est garant de l’égalité et de la justice.

Le populisme, le poujadisme et les idéologies d’extrême droite si répandus dans toute l’Europe sont des dangers équivalents pour notre société. L’Histoire nous apprend à quelles catastrophes de telles évolutions politiques peuvent mener.

Il est peut-être plus simple pour certains de diviser le monde en deux camps imaginaires opposés, les autochtones et les étrangers, les croyants et les non-croyants, les musulmans et les non-musulmans, les bons et les méchants… Mais aujourd’hui, la seule véritable différence se situe entre ceux et celles qui croient aux valeurs humaines universelles fondamentales, indépendamment de la religion, des convictions philosophiques, de la culture ou de l’identité et ceux et celles qui réfutent ces valeurs ou les considèrent comme la prérogative de certains seulement, mais pas de tous.

Nous offrons à ce pays ce que nous avons de plus précieux, nos enfants, et nous souhaitons que la Belgique s’en occupe bien, leur donne une place dans notre société et les traite avec amour et respect. Nos enfants sont le fruit de ce pays, ils en parlent les langues et en portent la culture.

Nous, citoyens d’origine étrangère, ne voulons pas voir nos jeunes surreprésentés dans les chiffres de l’échec scolaire, du chômage et de la criminalité, sans parler de voir certains d’entre eux se faire exploser et causer la mort de citoyens innocents.

Ce que nous voulons, c’est voir les jeunes des quartiers populaires surreprésentés dans les écoles supérieures et les universités. Nous voulons les voir s’épanouir en toute liberté et devenir des citoyens critiques. Nous voulons les voir se surpasser en créativité et en joie de vivre. Nous savons que c’est possible. Beaucoup d’entre eux le font déjà. Mais beaucoup d’entre eux restent sur le côté de la route. Le fatalisme qui paralyse actuellement beaucoup de jeunes peut être contré, à condition que la société le veuille.

C’est pour cela que nous estimons que la politique doit prendre ses responsabilités à plusieurs niveaux. Il faut que l’égalité des chances dans l’enseignement et la lutte contre la pauvreté soient hissées au rang de priorités absolues. Les enfants et les adolescents des quartiers populaires méritent de véritables chances de faire valoir ce qu’ils ont de meilleur en eux et tout le potentiel qui reste à présent inexploité. Tel est le vrai défi des années à venir. Ce n’est que de cette façon que nos jeunes retrouveront le respect d’eux-mêmes et la dignité et qu’ils seront moins tentés de tourner le dos à la société. L’avenir des quartiers populaires est l’avenir du pays.

Samira Bendadi et Mohamed Ikoubaân

Journée pour la Dignité – dimanche 19 mars – 15h00 – BOZAR

Une initiative citoyenne de Mohamed Ikoubaân et Samira Bendadi

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