Après la mort de l’activiste congolais Luc Nkulula

Les jeunes au Congo continuent la lutte pour un avenir meilleur

© Pax Christi

 

10 juin 2018, j’apprends la nouvelle que l’activiste congolais Luc Nkulula (32) a péri dans un incendie. Un mois après sa mort, il reste une source d’inspiration pour cette jeunesse congolaise qui lutte dignement pour un meilleur avenir. Cette lutte est une motivation de croire à la puissance du Congo et des Congolais.

Après mes études en politique internationale, j’ai décidé de me concentrer professionnellement sur mon pays natal qu’est le Congo: un pays avec un grand potentiel, mais où la population (sur)vit dans une situation injuste. C’est devenu ma mission de dénoncer et de combattre ce paradoxe.

Je crois à la puissance d’une nouvelle génération des jeunes bien formés au Congo. Ils sont de plus en plus conscients et se réalisent que rien ne changera sans leur propre contribution. Leur engagement est indispensable pour faire du Congo un pays plus beau.

Le Congo se trouve dans une impasse politique. Selon la constitution, le président Joseph Kabila aurait dû transmettre le pouvoir à la fin de l’année 2016. Mais il a reporté les élections parce qu’il ne peut pas briguer un troisième mandat. L’opposition, la société civile et la communauté internationale augmentent la pression sur le régime pour organiser des élections crédibles le 23 décembre 2018. Néanmoins, Kabila envisage une répression pour rester au pouvoir comme les autres présidents de la région. Mais pour combien de temps?

Lutte pour le changement

En tant que chargée de plaidoyer sur l’Afrique Centrale, je me rends au Congo chaque année. J’y rencontre beaucoup de jeunes activistes de ma génération. Nous partageons la conviction qu’une collaboration est cruciale pour l’avenir du Congo. Luc Nkulula était un interlocuteur exceptionnel. Juriste de formation et l’une des fortes personnalités de la Lucha (LUtte pour le CHAngement). L’organisation lutte pour l’accès aux soins de base comme l’eau potable. Elle aborde également des thèmes tels que la sécurité et les élections crédibles.

La Lucha apporte un nouveau souffle au sein de la société civile congolaise. 

Dans un pays qui compte déjà beaucoup d’ONG, de partis politiques et de groupes armés, les jeunes de la Lucha ont opté pour un mouvement citoyen informel qui, depuis 2012, est devenu l’organisation des jeunes la plus connue au Congo. Lucha apporte un nouveau souffle au sein de la société civile congolaise. Sa philosophie est basée sur la résistance non violente de Martin Luther King et Gandhi. Cela n’est pas un hasard, c’est un choix conscient contre la violence armée qui sévit depuis 25 ans à l’Est du Congo. Le père de l’indépendance Patrice Lumumba est également une source d’inspiration.

Flammes mortelles

En mars 2018, je rencontre Luc à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. Il parle d’une manière douce mais déterminée de sa mission de former et de mobiliser la jeunesse congolaise. Il est convaincu que les jeunes peuvent exiger une plus grande participation à travers des actions fortes et disciplinées et, à long terme, même obtenir de meilleurs leaders et une politique plus juste.  Quand je lui ai dit au revoir à la fin de notre rencontre, j’étais persuadé que nous allions nous revoir lors de mon prochain voyage.

Avec ses camarades, cet activiste prometteur de 32 ans a survécu à des arrestations, des incarcérations et à une répression brutale, pour donner sa vie dans une lutte solitaire contre des flammes.

Début juin, Luc me parle sur Facebook. Il est heureux que j’ai enfin pu rencontré le célèbre médecin congolais et défenseur des droits de l’homme, Denis Mukwege. Il parle avec enthousiasme de l’avenir. Il a l’air combattif et plein d’espoir. A la fin, je lui confie mon rêve de vivre à Goma pour quelque temps, d’apprendre le swahili et d’organiser des actions ensemble. Il me répond : “Continues de rêver, il faut réaliser tes rêves. Tu es la bienvenue”.

Moins d’une semaine plus tard, le 10 juin 2018, j’apprends que Luc est mort dans un incendie. Sa maison a complètement brûlé. Les circonstances suspectes font que certains soupçonnent un acte malveillant. Avec ses camarades, cet activiste prometteur de 32 ans a survécu à des arrestations, des incarcérations et à une répression brutale, pour donner sa vie dans une lutte solitaire contre des flammes.

Je ne crois pas à une enquête indépendante approfondie. Le Congo est loin d’être un Etat de droit. De plus, le régime a souvent montré qu’il préfère se débarrasser des activistes critiques et engagés.

L’Europe

Luc était un homme intègre, intelligent et courageux. Il a laissé une forte impression, mais il n’est pas une exception. Il représente le symbole d’une jeunesse congolaise qui continue à aimer son pays malgré les conditions de vie difficiles. Ces jeunes souhaitent aussi voyager, mais ils ne considèrent pas (plus) l’Europe comme le paradis.

Ils voient comment l’Europe préfère tourner son attention vers d’autres crises. Comment l’Europe agit avec peu de fermeté lorsque les droits de l’homme sont violés à grande échelle en Afrique. Ou comment l’Europe essaie encore d’avoir une certaine influence au Congo, mais se voit de plus en plus rivaliser avec de nouveaux acteurs économiques et militaires, comme la Chine et la Russie.

Résistance contre le pessimisme

Les informations sur le Congo traitent de la faim, d’Ebola, des viols. Plus de 100 personnes ont été tuées pendant des manifestations pour exiger le départ du président Joseph Kabila. Des millions de personnes sont mortes ou ont fui des  zones de conflit. Pourtant, je refuse d’accepter ce ‘Congo-pessimisme’. Parce que j’ai eu le privilège de croiser sur mon chemin des jeunes congolais comme Luc.

Je refuse d’accepter ce “Congo-pessimisme”. Parce que j’ai eu le privilège de croiser sur mon chemin des jeunes congolais comme Luc.

Ces jeunes résistent contre ce pessimisme.

Ils résistent contre l’image que les Congolais sont des victimes éternelles de leurs dirigeants corrompus.

Ils résistent contre le capitalisme international qui pille leurs ressources naturelles depuis le roi belge Léopold II sans se préoccuper du sort des Congolais. Diamant pour les bijoux, coltan pour les smartphones, cobalt pour les voitures électriques. Le Congo a tout pour plaire au modèle-type de société de consommation si en vogue dans le monde entier.

Mais quand les Congolais pourront-ils en profiter?

Petits héros

Les médias (sociaux) ont donné à lutte de la Lucha une réputation internationale. Les paroles de Luc, Rebecca, Micheline, Fred, etc. sont importantes car elles changent le récit sur le Congo. Ces petits héros brisent le cercle vicieux du pessimisme. Leur engagement pour le Congo suscite l’espoir.

Ils nous montrent que le Congo a encore des hommes et des femmes qui continuent à lutter dignement pour un meilleur avenir. Cette génération de ‘Congo-believers’ a des grands rêves. Leur lutte est une motivation de continuer à croire à la puissance du Congo et des Congolais.

 

Nadia Nsayi est chargée de plaidoyer chez Pax Christi Vlaanderen et Broederlijk Delen en Belgique. Ce texte est la traduction, faite par Chadia Lfaliji, de l’originale en néerlandais publié sur le site de One World.

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Over de auteur

  • Beleidsmedewerker Centraal-Afrika Broederlijk Delen & Pax Christi

    Nadia Nsayi heeft een masterdiploma in de vergelijkende en internationale politiek van de K.U. Leuven.

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