Bien que le houmous, cette préparation à base de pois chiches, gagne énormément en popularité en tant qu’en-cas à l’heure de l’apéro, c’est de l’humus que nous traiterons ici, c’est-à-dire de déchets morts d’origine animale ou végétale.
Pixabay / CC0 Creative Commons
L’automne est désormais bien installé dans nos contrées et le contexte est idéal pour permettre aux ramasseurs de déchets verts d’entraîner leurs muscles. Jeunes et moins jeunes rassemblent feuilles et morceaux de branches tombés des arbres pour en faire des tas ou paient le prix fort pour acheter des sacs à déchets verts. La plupart d’entre nous s’adonnent à cet exercice en mode sportif, en raclant les feuilles manuellement, bien qu’il soit de plus en plus tendance de terroriser tout le quartier avec des souffleurs de feuilles. Je dois bien l’admettre : on se sent fort avec une machine d’une telle puissance en main et sur le dos, on se prendrait volontiers pour Bruce Willis – en un peu moins costaud la plupart du temps -, avec un pseudo-bazooka. Encore un peu et on pourrait s’entendre dire « Yippee-ki-yay ».
Ce dont nous ne nous rendons pas compte, c’est que nous faisons énormément d’efforts pour nous débarrasser de l’une des matières premières les plus précieuses qui soient.
La seule chose que nous ayons à faire, c’est entasser feuilles mortes et autres déchets de jardin sur notre tas de compost, où nous pourrons les composter avec nos déchets de cuisine en sorte d’améliorer, à terme, la santé et la fertilité de nos jardins.
Les plantes, les arbustes, mais surtout les arbres sont de gigantesques pompes qui aspirent des nutriments profondément enfouis pour les stocker dans leurs feuilles, entre autres. Lorsqu’elles tombent, ces feuilles enrichissent année par année la terre… à condition que nous nous abstenions de les ramasser. Ces feuilles, c’est de l’engrais gratuit. Chaque année, les ménages jettent des centaines de kilos de déchets de jardin. Des déchets qui n’en sont pas, donc. Chaque année, nous émettons des tonnes de CO² pour conduire ces déchets au parc à conteneurs avec notre propre voiture ou via un ramasseur.
Le Code forestier stipule qu’il est interdit de ramasser des feuilles en forêt car cela appauvrirait le sol et affaiblirait fortement la forêt. Mais ce que nous ne pouvons pas faire en milieu forestier, nous le faisons dans notre jardin, avec pour conséquence que nous devons sacrifier quelques sorties au restaurant pour pouvoir acheter des copeaux de bois, de l’écorce, du compost ou – ouille ! – des engrais chimiques. Car outre le fait qu’elles sont synonymes d’énorme quantité d’émissions de CO² et de surcroît de travail, ces choses-là sont loin d’être gratuites !
Nous voulons évoluer en tant que société vers une économie circulaire où les cercles seraient aussi petits que possible. Plutôt que de nous donner tout ce mal pour ramasser des déchets qui n’en sont pas, nous ferions mieux de nous la couler douce car l’oisiveté, en l’espèce, n’offre que des avantages, pour nous, pour notre portefeuille et pour l’environnement. La seule chose que nous ayons à faire, c’est entasser feuilles mortes et autres déchets de jardin sur notre tas de compost, où nous pourrons les composter avec nos déchets de cuisine en sorte d’améliorer, à terme, la santé et la fertilité de nos jardins.
Nous avons parfois tendance à oublier que pris conjointement, nos jardins forment le plus grand espace naturel de Belgique et que nous pouvons par conséquent contribuer, à notre échelle, à la lutte contre la sécheresse, par exemple. La Belgique ne manque pas d’eau, mais de sols humifères capables de la retenir et de lui permettre de s’infiltrer. Plus le sol sera riche en humus – ou plus la couche de matière organique sera épaisse – et plus il pourra retenir d’eau. Oui, vous avez bien entendu : plus votre terre sera humifère et moins vous devrez arroser votre jardin. Et moins vos factures d’eau seront source de stress…