Les conditions de travail en Chine

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Les conditions de travail en Chine

John Vandaele, traduit par Marie-Lou De Clerck

08 december 2008

La Chine s’agrandit, mais est-ce que les Chinois qui produisent nos habits, nos chaussures, nos GSM ou nos ordinateurs portables en profitent aussi? En d’autres termes, est-ce que la mondialisation offre des possibilités au travailleur dans les pays en voie de développement? John Vandaele s’est rendu au delta de la Rivière de Perles où vingts millions de travailleurs immigrés produisent plus d’un tieers de toute l’exportation chinoise. Il a vu “des petits pas en avant”.
Dans la province de Guangdong, au sud extrême de la Chine, juste au-dessus de Hong Kong, les réformes économiques et l’ouverture de la Chine au monde commençaient en 1978. La région autour du village de pêcheurs Shenzhen devenait une zone économique spéciale où des investisseurs étrangers recevaient plusieurs bénéfices. Le capitale en provenance de Hong Kong, de Taiwan et d’ailleurs affluaient. Trente ans plus tard ce même Shenzhen est une mégalopole avec au moins douze millions d’habitants, dont plus de la moitié des immigrés. Petit à petit presque tout le delta de la Rivière de Perles –les 150 kilomètres entre Shenzhen, Guangzhou et Zhuhai– fut rempli d’usines. Les ouvriers dans toutes ces usines provenaient de toute la Chine. Au moins vingts millions d’ouvriers campagnards ou dagongzai travaillent dans le delta de la Rivière de Perles. La région devenait la place de production du monde et la norme mondiale pour tous ceux qui voulaient être productive en matière de produits à haut coefficient de travail. C’est par excellence un endroit qui est marqué par la mondialisation, qui est ce qu’il est en produisant pour le reste du monde. Pendant des années des histoires d’exploitation, de doigts coupés, de sweatshops et de salaires de misère provenaient de la région. Nous voulions savoir si depuis la situation a changé.
les immigrés
Chacun que j’ai abordé est du même avis que les dagongzai dans le delta de la Rivière des Perles sont devenus plus capables de s’affirmer. ‘Ils sont plus conscients de leurs droits’, dit Yukyuk Choi de la ngo d’Hong Kong Worker Empowerment. ‘Les ouvriers sont prêts à se battre pour leurs droits. Si leur situation s’est améliorée, c’est surtout grâce à cela’.
En avril 2007 par exemple les dockers de Yantai au Shenzhen ont fait la grève indépendamment du syndicat officiel, tandis qu’en Chine le droit de grève n’existe en fait pas. ‘Ils ont tout de suite reçu les mêmes salaires que dans les autres docks et les meneurs de la grève forment aujourd’hui une division séparée du syndicat unitair’, dit Geoff Crothall du China Labour Bulletin, une ngo à Hong Kong qui défend les droit des ouvriers.
Liu Kaiming, directeur de l’Instituut pour Observations Conptemporaines (ICO), une ngo qui depuis des années défend les droits des ouvriers à Shenzhen, observe plusieurs raisons pour cette prise de conscience. ‘C’est la deuxième génération d’ immigrés. Septante pour cent d’eux est né après 1980, après l’introduction de la politique-d’un-seul-enfant, avec comme conséquence que l’offre de travail est de toute façon plus petite. Ils n’ont jamais eu faim, ont reçu une éducation secondaire et travaillaient à peine sur les champs. Ils ont un esprit ouvert, un GSM et surfent sur internet. Ils se rendent plus compte de ce qui se passe. L’information circule vite.’
Ils savent par exemple combien ils peuvent gagner dans d’autres usines, et qu’il y a du travail ailleurs. Le delta de la Rivière de Perles connaissait depuis 2004 des déficits sur le marché du travail. Il y a eu tant de nouvelles usines, tandis que Pékin attirait aussi de plus en plus d’investisseurs vers les provinces à l’intérieur du pays, avec comme résultat que trop peu d’employés entrepenaient le voyage lointain vers Guangdong. ‘J’ai donné ma démission dans cette entreprise car je n’aimais pas la nourriture et je trouvais mon loyer de 500 yuan (150 euro) trop bas’, dit Xiang à Huizhou, un jeune homme coiffé modieusement, GSM à la main. Comment voit-il son avenir? Il sourit: ‘Je ne le sais pas très bien. Je veux m’instruire plus afin que je puisse travailler dans les tranches hightech mieux payées.’ Maintenant que les ouvriers ont un plus grand choix entre les travaux, ils possèdent un peu plus de pouvoir, croit Liu Kaiming de l’ ICO.
les lois
Les dernières années il y a eu beaucoup d’agitations sociales dans la région. Le gouvernement à Pékin réagissait avec des initiatives législatives, dans lesquelles la soi-disante loi du contrat de travail se trouvait au centre. Le professeur Chang Kai de l’université de Renmin à Pékin, qui a co-écrit la loi: ‘Les employés étaient la grande force derrière la loi. Le parti communiste voulait garantir la stablité avec la loi.’ 
La nouvelle loi exige que tous les employés ont un contrat écrit –ce qui renforce leur position en cas d’accidents et des disputes. Elle règle explicitement le remboursement des heures supplémentaires et offre les employés qui travaillent depuis dix ans quelque part des contrats de durée déterminée et des récompenses lors d’un congé.
L’acceptation de la loi a été précédée par une discussion sociale: tout le monde avait été invité à proposer des objections et des amendements et il y a eu des milliers de réactions. Cette discussion a contribué à la prise de conscience par les employés de le delta de la Rivière de Perles, témoigne le propriétaire d’une entreprise de sous-traitance d’une grande multinationale européenne à Dongguan, qui souhaitait rester anonyme: ‘Après que la loi avait été votée en juin 2007, mes employés espéraient gagner plus. Si on appliquait la loi à la lettre –avec un paiement des heures supplémentaires à 200 pour cent– les salaires augmenteraient de 47 pour cent. On trouvait cela exagéré. Afin de rester dans la légalité on n’a que diminué le salaire de base, de sorte que les employés recevaient en fin de compte dix-sept pour cent de plus. Quinze pour cent des employés ont trouvé ceci insatisfaisant et ont démissioné.’ Il nous rassure que la plupart des entreprises à Dongguan ont appliqué un tel “arrangement”.
Aussi l’arrangement des heures supplémentaires est appliqué “créativement”. Willy Fung de Topformbras, le plus grand producteur mondial de soutiens-gorge et le partenaire de l’entreprise de textile flamande Vandevelde, regrette que la loi limite le nombre des heures supplémentaires à seize heures par semaine. À cause de cela les employeurs ont plus de difficultés à introduire des heures supplémentaires et les employés ne peuvent pas travailler autant qu’ils le souhaitent. A Pékin le gouvernement nous a dit: “Nous n’allons pas changer la loi –il y a trop de chômeurs dans ce pays– mais est-ce qu’on a déjà réprimé quelqu’un parce qu’il a trop travaillé?” Ce qui a mené Fung a déduire qu’on peut faire autant d’heures supplémentaires qu’on veut, aussi longtemps qu’elles soient payées comme telles.
Récemment la ngo Sacom à Hong Kong s’est plaint que les employés de Primax, qui livre des caméras pour les iPhones, doivent faire plus de cent heures supplémentaires par mois, beaucoup plus que ce qui est permis par la loi. Selon un employeur: ‘Souvent l’autorité locale ferme un œil  en échange d’argent. Après un incendie les pompiers exigaient qu’on fasse des traveaux pour plus d’un millions de yuan. Mais si on les donnait 100.000 yuan, ils n’en diraient rien. La corruption prospère mais, admettons, ce n’est pas plus grave que dans d’autres pays en voie de développement.’
Cependant la loi du contract de travail y travaille entretemps que le nombre de contrats écrits a augmenté fortement. Les entreprises paient les heures supplémentaires, car maintenant les amendes pour les violations sont plus claires. Un plus grand nombre d’entreprises ont une sécurité sociale. Certaines craignent que cet augmentation dans les salaires , maintenant que l’économie mondiale ralentit, mènera à une trop grande fermeture d’entreprises en crise. D’autres indiquent que l’export qui diminue à la suite de la crise, exige justement que la consommation chinoise et donc les salaires augmentent plus fortement.
Les tribunaux
Le gouvernement chinois canalisait le mécontentement des employés en les donnant plus de possibilités juridiques. Une nouvelle loi d’arbitrage de travail s’ajoutait à la loi des contrats de travail. ‘Elle rend plus facile et gratuit de porter plainte chez la commission pour plaintes de travail’, dit Geoff Crothall de la China Labour Bulletin. Selon Liu Kaiming de l’ICO ceci a mené à un rush juridique: ‘Le nombre de plaintes de travail dans la province Guangdong a augmenté jusqu’à 39.000 dans la première moitié de cet année, une augementation de 300 pour cent par comparaison à l’année précédente.’
Guangling travaille dans une usine qui produit des meubles de laboratoire: ‘Il y a quelques années un de mes collègues a perdu deux doigts au travail. Ne pouvant plus travailler il est rentré chez lui dans la province Shaanxi. Après des négociations avec son chef il a reçu comme compensation 20.000 yuan (2000 euro). Je trouve cela scandaleusement peu. Cela ne serait plus possible maintenant. Mais à l’époque la procédure légale était encore moins claire; les gens ne savaient pas quoi faire. Si après un accident je ne recevrai pas d’arrangement acceptable, je viendrai ici au centre d’ immigrants et je porterai plainte.’ 
Guangling fait allusion au centre de dagongzhu, des travailleurs immigrés de Panyu, au sud de la ville Guangzhou (l’ancient Kanton). C’est une de ces ngo semi-légales, souvent enregistrées comme société, qui aident les employés immigrés à défendre leurs droits. Haipeng, qui dirige le centre, a lui-même perdu un doigt il y a des années. Le doigt a était remis en place, mais il ne bouge pas assez. ‘J’avais signé un arrangement à bas prix.’ Haipeng est d’accord qu’aujourd’hui les travailleurs sont plus capables de s’affirmer qu’avant. ‘Il y a plus de demandes de compensations pour des accidents. Pas car il y a plus d’accidents –les managers étaient autrefois plus nonchalants en ce qui concerne la sécurité au travail –mais parceque les employés connaissent mieux leurs droits.’
Hong dans la ville Huizhou travaillait de 1990 à 2001 chez Lucky, une entreprise à Hong Kong qui taille des pières précieuses. ‘Quand j’y travaillais il n’y avait pas les moindres dispositions de santé. L’air était gris de poussière, nos cheveux étaient couverts d’une grosse couche de poussière. En 2001 on a constaté que mes poumons étaient atteints. J’ai arrêté de travailler et j’ai reçu 25.000 yuan. Plus tard, grâce à la ngo Labour Action en Chine, j’ai compris mes droits.
Des collègues en situations semblables recevaient des indemnisations de 200.000 yuan. Maintenant je traîne Lucky devant le tribunal.’ La procédure de Hong ne se déroule pas facilement car Lucky s’est établi dans une autre ville et revendique que le tribunal de Huizhou n’est pas compétent. En outre Hong avait signé dans le temps un accord avec l’entreprise. Hong sait qu’à présent les circonstances de travail chez Lucky sont meilleures.
Les ouvriers dans le delta de la Rivière de Perles sont aussi assistés par à peu près de 500 gongmin daili ou des médiateurs civils. Ce sont généralement d’anciens ouvriers immigrés qui ont acquits de l’expérience juridique et qui offrent leurs services. La nouvelle loi des contrats de travail a agrandi leur marché, entre autres car il y beaucoup plus de pression à rembourser effectivement les heures supplémentaires.
Les gongmin daili recrutent des clients aux portes des usines en leur indiquant qu’il est possible ‘de se faire payer deux ans d’heures supplémentaires non-payées, sans fraits en plus’. ‘Ces gongmin daili livrent généralement du bon travail’, reconnaît un avocat. ‘Ce ne sont toutefois pas des héros mais des gens d’affaires. Un d’eux m’a raconté que l’année passée il a gagné 200.000 yuan.’ Les médiateurs sont très accessibles car l’ouvrier ne doit les payer qu’une part de la “récolte” de leur procès. 
Mais pas tout le monde a confiance en la voie juridique. Un employé d’un producteur de containeurs dans la ville de Jiangmen est tombé malade à cause de son travail: ‘Ma tension est trop élevée, le gouvernement  l’a aussi reconnu officiellement. Je me sens très faible et je ne suis plus en état de travailler.’ L’homme n’ose pas porter plainte. ‘Le gouvernement locale est actionnaire de cette entreprise. Si on commence un procès, on ne gagnera jamais. Les ngo et leurs avocats sont incompétents. En plus je reçois toujours mon salaire car je suis soi-disant dans ma période de convalescence. Je perds cela aussitôt que je porte plainte.’ Des plaintes que les hôpitaux, sous pression des autorités locales, refusent parfois de certifier que quelqu’un est malade, ne sont pas des exceptions.
les salaires
Les salaires dans le delta de la Rivière des Perles ont augmenté fortement, mais c’est aussi le cas des prix. Ce n’est donc pas aussi certain si, et dans quelle mesure, le pouvoir d’achat a également augmenté. Un diplomate  occidental en est persuadé que les dernières trois années les salaires réels ont augmenté. ‘Chaque année de dix pour cent. C’est plus que l’inflation.’
‘Le gouvernement augmente très consciemment les salaires à Shenzhen et dans d’autres parties de le delta de la Rivière des Perles’, dit Willie Fung de Topformbras. ‘À Shenzhen le salaire minimum a augmenté de 690 yuan en 2005, à 1000 yuan aujourd’hui. L’intention est que les entreprises à haut coefficient de travail quittent Shenzhen et que les entreprises plus inventives et sophistiquées restent ici. Selon le gouvernement 3000 entreprises ont fermé les portes cette année, tandis que l’industrie parle de 10.000.’
Topformbras garde encore une entreprise avec moins de 1000 employés à Shenzhen. ‘Nous avons des difficultés a retenir notre personnel: ils apprennent le métier chez nous puis ils sont enrôlés par d’autres entreprises. Parfois les recruteurs attendent simplement devant la porte. Le manque d’employés est pour nous un plus grand problème que les salaires élevés.’
Nous parlons aux employés dans l’entreprise. Les espaces de travail ne donnent pas une impression désagréable: elles sont claires et fraîches, ce qui rend la forte chaleur moins étouffante. Comme Topformbras applique un mix de salaire à la pièce et de salaire fixe, les salaires varient de personne à personne. ‘Le salaire à la pièce est dans notre sang’, prétend Fung. ‘Si le gouvernement nous impose un salaire minimum, nous cherchons un compromis.’
Une dame de 35 ans en provenance de Guangdong gagne 1120 yuan par mois, dont 500 yuan va à son appartement, car Topformbras ne s’occupe pas de dortoirs. Elle n’est pas contente de son salaire. D’autres gagnent 1500 ou 2000 yuan et habitent chez leur mari ou leur parents. Une collègue qui a neuf ans d’experience gagne moyennement 2400 yuan par mois et elle est par contre contente. Son loyer est de 500 yuan pour une chambre qu’elle partage avec des collègues. ‘Moi je peux épargner 1000 yuan par mois. C’est plus qu’il y a neuf ans mais parfois je me demande si je peux acheter autant qu’avant avec cette plus grosse somme.’  
Aujourd’hui Topformbras a ses plus grandes entreprises à Longnan, dans la province de Jiangxi. Fung: ‘Là le salaire minimum a augmenté de 330 yuan en 2005 à 480 yuan maintenant. Il y a huit ans Topformbras y a ouvert son usine. En ce temps-là cela prenait 10 heures pour arriver à Longnan. Depuis 3 ans il y a une autoroute ce qu’il fait que cela ne prend plus que trois heures pour y arriver. Depuis ce temps tant d’entreprises s’y sont installées, que la région est de nouveau saturée. Nous cherchons déjà dans d’autres provinces.’ Un groupe d’ouvriers dans le centre d’immigrés de Panyu est en désaccord concernant les salaires. Trois ans passés un jeune homme gagnait 800 yuan, maintenant son salaire balance entre les 1600 et 2000 yuan. ‘Il s’agit purement d’un salaire horaire. Je travaille dans une grande entreprise qui suit la loi, aussi concernant les heures supplémentaires.’ Quand je demande si il est content, il dit d’abord oui. ‘Mais en fait personne ne peut être content avec un tel salaire. Moi je gagne aujourd’hui plus qu’il y trois ans. J’ai acheté plus de produits de marque. Tja, le plus que tu gagnes, le plus que tu dépenses.’ 
Xinghua et sa femme éprouvent la même chose. Ils sont un peu plus âgés. Autrefois ils ont travaillé sur les champs mais ‘cela ne rapportait rien, justement assez pour survivre’. Sur quatre ans son salaire journalier a augmenté de 18 à 72 yuan. Maintenant il travaille comme chef d’équipe et gagne sur 29 jours par mois 2000 yuan. Sa femme gagne 1400 yuan. Ils habitent et mangent gratuitement chez leur employeur. Leur bébé reste chez ses parents à Jiangxi.
les ngo
Les dix dernières années plusieurs ngo qui défendent les droits des dagongzai sont nées.
Elles font aussi fonction de place de rencontre et de détente. Dans le centre Panyu par exemple,
on ne donne pas seulement des cours d’informatique et de droit du travail, les habitants s’y amusent aussi ensemble. Ceci est plus difficile dans les dortoires où souvent les employés
dorment à huit dans une espace de quatre mètre sur deux et où seulement le personnel peut y entrer. Mais les derniers mois le centre ne peut plus exercer son rôle de lieu de rencontre car
elle a dû se “cacher” dans un immeuble, loin de la rue commerciale. Ce centre dagongzhu existe depuis 1998 et est ainsi le plus ancien de sa sorte. Pourtant il n’a toujours pas acquis une position stable. Cette année le centre a déjà déménagé trois fois car le gouvernement local mettait des locataires sous pression pour résilier le contrat. ‘Nous nous sentons stressés’, dit Haiping qui mène le centre. Les ouvriers se fâchent: ‘Ce centre se bat contre les employeurs mais le gouvernement choisit leur côté car il veut surtout de la croissance économique. Ceci est encore plus important que les droits des employés.’ Et pourtant, quand je demande si les employés progressent en Chine, ils repondent de façon typique: ‘Quand la grande rivière déborde, les petites se remplissent  (Da he jiang shui, xiao he man).’
Un autre centre d’immigrés à Shenzhen est également mis sous pression par le gouvernement local. L’année passée Huang Q.N. a même été molesté et le bureau a été attaqué, ce qui a nécessité un déménagement.
Avec son Institution pour Observations Contemporaines Liu Kaiming s’est adapté à la pression en travaillant de plus en plus avec des multinationales occidentales. Il les aide à suivre la loi et leurs propres codes de conduite et ainsi aussi à maintenir leur personnel.
‘Les employés peuvent nous téléphoner si l’entreprise ne suit pas les règles et les arrangements. Ensuite nous agissons comme négociateurs afin de mettre en orde la situation. J’ai le sentiment qu’ainsi j’améliore concrètement la situation des gens. En travaillant avec des multinationales, je bénéficie aussi d’une certaine protection, ainsi je peux parler librement.’ En effet Liu ne mâche pas ses mots: ‘Le gouvernement chinois est aujourd’hui le plus riche du monde, il pourrait faire plus pour les ouvriers.’
le syndicat
‘Gonghui? Syndicat?  Je ne connais pas ces gens. Si j’ai un problème, je me rends au centre d’immigrés à Panyu’, disent plusieurs ouvriers à Shenzhen. Le syndicat unitaire All China Federation of Trade Unions (Acftu) n’est pas seulement aux yeux des occidentaux un cas très ambigu. Dans l’usine Shenzhen de Topformbras le directeur de l’Acftu est aussi le manager, une dame aimable qui est très proche des propriétaires. Quand on demande à une couturière à propos d’Acftu, elle dit: ‘Le syndicat, ce sont les surveillants. Nous les ouvriers ne pouvons pas être les représentants du syndicat.’ Ailleurs un propriétaire me confie qu’il perçoit le syndicat plus comme une sorte de “club de récréation”.
Que se passe-t-il des deux pour cent de la masse salariale qui va au syndicat? ‘La moitié va au département provincal de l’Acftu, le reste est employé ici sur place, entre autres pour les sorties avec le personnel ou pour acheter des habits bon marché.’ Dans une entreprise de sous-traitance d’une multinationale européenne c’est la même histoire: les représentants syndicaux sont les managers des différents départements. Ils vérifient si une certaine application de la loi du contrat de travail est plus ou moins acceptable pour les employés. Quelqu’un qui connaît le syndicat de l’intérieur dit: ‘Ceci n’est pas le syndicat que vous connaissez à l’Occident. Ceci est un département de la partie communiste, et donc du gouvernement. Il doit également maintenir la situation sous contrôle. Cela n’empêche pas que certains individus se soucient des conditions de travail.’ Et pourtant, les dernières années l’Acftu essaie de se réorienter. Cette administration énorme a débuté dans un environnement avec seulement des entreprises gouvernementales. À Guangdong, avec toutes ces entreprises privées, le syndicat doit apprendre à se positionner autrement. Yukyuk Choi de la ngo Worker Empowerment: ‘Le syndicat se trouve entre deux feux. Le parti et le gouvernement ne sont pas contents de toutes ces protestations des employés. Et les employés ne considèrent pas le syndicat comme leur représentant.’
Cela explique pourqoui le syndicat est une des grandes forces et était un des défensuers de la nouvelle loi du contrat de travail. Son rôle est aussi bien déterminé dans cette loi.
Kong Xianghong, vice-directeur de l’Acftu -Guangdong, reconnaît qu’ils ont des difficultés à défendre les droits de vingts millions d’immigrés dans la province. ‘La moitié n’est pas membre. Nous devons les convaincre en défendant leurs droits.’ Cette route est encore longue, reconnaît Kong.
Professeur Chang Kai est certain qu’à court terme l’Acftu ne devient pas, style européen, un syndicat indépendant. ‘Par contre le parti veut que le syndicat soit plus en mesure de négocier collectivement. Les négociations collectives sont cruciales pour partager la prospérité plus également entre labeur et capital.’ Cela arrivera en rendant le syndicat ‘indépendant du management, mais pas du gouvernement’, dit Geoff Crothall du China Labour Bulletin.
Il semble que ce processus a déjà commencé à Guangdong. Kong: ‘Depuis cet été les membres du topmanagement ne peuvent plus être représentants du syndicat.’ Le cadre moyen, les chefs d’équipes et les chefs des départements, eux par contre entrent encore en considération. Kong remarque aussi que la loi en Chine n’interdit pas le droit de grève, mais ne le permet non plus. Puis il fait un propos étonnant: ‘Ce serait bien que le gouvernement soit plus transparent à ce sujet.’ En indiquant clairement que cela doit aller dans le sense de la reconnaissance du droit de grève. Le syndicat qui demande le droit de grève: c’est en fait une grande nouvelle en Chine.
‘Le gouvernement Chinois est le plus riche au monde. Elle pourrait faire plus pour les ouvriers.’
‘Ceci n’est pas le syndicat que vous connaissez en Occident. Ceci est un département du parti communiste, et donc du gouvernement. Il doit également maintenir la situation sous contrôle.’
Ont contribué à la réussite de ce reportage:  Yuk Yuk Choi, Sally Choi, Frieda De Koninck, Lieven Descamps, Willie Fung, Jan Jonckheere, April Lai, Apo Leong, Dominique Müller, Alessandro Rolandi, Dirk Uyttenhove, Frank Uytterhaegen, Jessie Van Couwenberghe, Herman Vandevelde, Hilde Van Regenmortel, Kan Wang, X, Feiyang Zeng.